Longtemps méconnu, le neurofeedback est désormais reconnu dans plusieurs pays comme une méthode efficace pour aider les enfants souffrant du TDAH. Aujourd’hui, refaisons le point sur cette méthode d’entraînement cérébral avec cet article de Lise Bouilly publié dans le journal Femina d’avril 2021.
« Relevant de connaissances en neurosciences, en neurophysiologie et en neuroanatomie, le neurofeedback, né dans les années 60, permet de mieux comprendre le fonctionnement de son cerveau et de le modifier lorsqu’il est inadapté. « La méthode a d’abord été testée sur l’épilepsie, puis pratiquée chez les enfants souffrant de TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), avec un niveau supérieur de preuves d’efficacité. Ainsi, aux Etats-Unis et au Canada, le neurofeedback constitue une option reconnue à la médication », explique le Dr Adrian Chaboche.
Une question d’ondes
En pratique, le petit patient est équipé d’électrodes posées sur son crâne, reliées à un ordinateur et à un logiciel spécifique, qui enregistrent l’activité électrique des parties du cerveau que l’on souhaite étudier. Plus précisément, il s’agit d’identifier les ondes émises : des plus lentes, les ondes delta, qui prévalent pendant le sommeil, aux plus rapides, les ondes haut bêta, qui caractérisent une situation de stress.
Tout entraînement commence donc par la réalisation d’un électroencéphalogramme quantitatif (EEGQ), qui donne une cartographie du cerveau et pointe les zones dont l’activité électrique est « anormale ». Chez les enfants hyperactifs, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les ondes rapides ne sont pas majoritaires. « On note plutôt un excès d’ondes lentes, thêta et alpha, dans les régions du cerveau liées à l’organisation, à l’attention, à la mémoire, à la gestion émotionnelle, mais aussi au respect des règles, des codes et des comportements sociaux. Et pour cause : les ondes lentes correspondent à un état d’absorption intense. Or, un enfant TDAH a tendance à porter une “hyper” attention aux multiples sollicitations extérieures, sensorielles et intellectuelles qui l’entourent : il est capable de tout entendre, de tout retenir, mais il ne peut jamais fixer son attention sur un seul élément», détaille le Dr Chaboche.
Regarder sa vidéo préférée
A partir de cette cartographie, on propose à l’enfant des séances d’entraînement qui ciblent particulièrement une partie du cerveau et l’objectif souhaité : plus de détente, d’attention… Et ce, en renforçant ou en diminuant les ondes, selon les cas. En pratique, l’enfant, toujours équipé de capteurs, est invité à regarder sa vidéo préférée, « une activité qui remporte toujours un vif succès ». Le principe ? Quand le petit est bien concentré sur sa vidéo, il la visualise normalement. En revanche, dès qu’il bascule dans son monde, pense à autre chose, est agité, cela se répercute sur l’activité électrique du cerveau et la vidéo se hachure.
L’enfant a donc un retour visuel et immédiat de la façon dont son cerveau fonctionne, et il peut y remédier. A noter : les premières séances débutent par des exercices de cohérence cardiaque, d’hypnose ou d’autohypnose pour améliorer la concentration.
Une technique qui valorise
Cette méthode présente l’intérêt de renvoyer une image positive. On ne dit jamais : « Tu ne fais pas bien, ce n’est pas comme ça ! », mais plutôt : « C’est super, bravo ! » « C’est important pour un enfant TDAH qui a connu des années de souffrance et de perte d’estime de soi… », considère le Dr Chaboche.
Et de donner un exemple concret : « Récemment, je travaillais avec Louis, 12 ans. Après un entraînement de cinq minutes, je lui demande : “ Comment te sens-tu ? ” “ Je pense que je suis bien parti, me répond-il. Mais je me suis posé une sacrée question pendant que je regardais ma vidéo : je me suis demandé si la vitesse de la lumière est de tant et que moi…” Et il s’est lancé dans des questionnements très impressionnants pour son âge. Je lui ai rétorqué : “ Ta question est géniale, mais t’a-t-elle aidé à te concentrer? ” “ Non, a-t-il admis, j’étais dans mon monde, je n’ai pensé qu’à mon problème. ” Je l’ai félicité d’avoir réussi à identifier la situation et lui ai proposé de refaire trois minutes d’entraînement, sans oublier sa question, mais en la rangeant dans sa tête pour y revenir plus tard. Résultat, il s’est parfaitement concentré sur sa vidéo et son taux de succès, indiqué sur l’écran, a augmenté. Il s’est senti valorisé. »
Des résultats tangibles
Il faut compter une quinzaine de séances pour équilibrer les ressources de l’attention, calmer les angoisses… Ensuite, sont introduits des jeux concrets – mots fléchés, Mastermind… -, qui nécessitent logique, mémoire et attention, réalisés également en neurofeedback, pendant douze à quinze séances.
Le troisième volet de la prise en charge évalue quant à lui l’activité électrique du cerveau lors de tâches comme lire un livre, apprendre une carte de géographie… « Au fil du temps, on crée de nouveaux apprentissages cérébraux qui vont s’auto-entretenir dans la mesure où l’enfant en comprend l’utilité. On sait que le cerveau peut remodeler ses connexions – c’est la plasticité cérébrale -, à condition que ces apprentissages soient suffisamment longs et rigoureux, avec un rythme soutenu. Il faut donc se méfier des résultats rapides promis par le neurofeedback dynamique, une approche non individualisée. » En tout, une quarantaine de séances sont nécessaires, à raison de deux par semaine au minimum, pour obtenir des effets tangibles et pérennes.
Plusieurs études américaines ont démontré l’efficacité de la méthode. « De 60 à 80 % des patients y répondent bien, les principales améliorations portant sur les troubles de l’attention et de l’impulsivité. » Ainsi, il arrive que le traitement médicamenteux puisse être supprimé ou au moins diminué, toujours en concertation avec le neurologue ou le psychiatre. »
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