Effets bénéfiques de la rééducation des acouphènes par Neurofeedback EEG quantitatif
Le neurofeedback, basé sur l’électroencéphalographie quantitative, est une technique novatrice dans le domaine de la rééducation, très pratiquée en Amérique du Nord, notamment au Canada. Le Centre Médical Clairval, basé à Montréal l’a pratiqué sur des adultes sujets à ces troubles et des enfants atteints de TDAH.
Depuis une dizaine d’années, le centre a développé une expertise de façon pluridisciplinaire dans le domaine du neurofeedback. Cela a transformé sa façon de voir et a permis de remonter en efficacité les thérapies. Forts de ces réussites, ils ont décidé de venir dans les pays francophones pour offrir une formation en neurofeedback, accréditée par la plus grande association américaine, BCIA (Association de certification neurofeedback, présente dans 38 pays et existe depuis une trentaine d’années).
A l’occasion d’une conférence donnée à Marseille, les membres du centre ont rencontré le Dr Fabien Paolina du Centre Imerta. Il traite depuis des années des personnes présentant des troubles de l’équilibre et des acouphènes avec un succès intéressant. Ensemble, ils ont décidé de faire un travail autour de quelques personnes présentant des acouphènes sévères associées à des troubles anxieux. Pour pouvoir encadrer ces thérapies, l’équipe a utilisé l’EEGq de façon à ce que les sujets puissent bénéficier des bienfaits de ces mesures à travers son type de rééducation.
Qu’est-ce que l’acouphène ?
C’est un bruit perçu dans les oreilles ou dans la tête qui peut être à des fréquences variables sous forme de sifflement. Selon un sondage de l’IFOP pour l’association JNA, 28 % de la population française ressent actuellement des acouphènes. Ils sont liés à des pertes auditives qui augmentent avec l’âge.
Actuellement, 14 à 17 millions de Français ressentiraient des acouphènes. 2 à 4 millions d’entre eux souffrent en permanence. Si certaines personnes les supportent, d’autres sont en total détresse. En plus de l’aspect physiologique, les acouphènes ont donc aussi un aspect psychologique.
50 % de ces personnes sortent d’une consultation sans intervention et sans prescription. Il y a donc des problèmes liés à l’état de stress, ce qui rend la pathologie plus difficile à supporter.
L’approche en kinésithérapie
Il s’agit de l’approche périphérique de l’acouphène somato-sensoriels. L’idée est de faire une rééducation oro-maxillo-faciale à un grand nombre de cas. Qu’en est-il pour une approche systématique où on envisagerait une approche « top-down » des informations descendantes qui vont permettre d’apporter les comorbidités de l’acouphène qu’on rencontre fréquemment sous forme de gestion du stress, de troubles du sommeil, etc. ?
C’est ce chemin que l’équipe avait suivi pour leur approche. Elle s’est penchée sur la régulation de l’activité cérébrale. Pour ce faire, il fallait identifier les troubles.
Présentation des résultats du projet pilote
L’ensemble acouphène cerveau fait toujours référence au système auditif. L’acouphène peut toucher le cerveau et provoquer des anomalies anatomiques dans les diverses régions cérébrales. Il peut notamment toucher :
- Le cortex cérébral, là où on trouve la fonction auditive et la mémoire, le langage et une partie des fonctions émotionnelles ;
- Le cortex pariétal, tout ce qui est impliqué à l’attention et la perception ;
- Le cortex préfrontal, celui qui concerne les fonctions exécutives, la capacité de réguler nos émotions ;
- Le cervelet : tout ce qui est équilibre.
Diverses autres régions du cerveau peuvent également être touchées.
L’analyse commence alors par la recherche d’une lésion responsable de ce trouble acouphénique. D’après les études, à ce jour, il n’y a pas d’anomalies structurelles expliquant le trouble de l’acouphène. Aussi, il a fallu changer la façon d’étudier ce trouble en mettant de côté tout ce qui est anatomique et en se consacrant essentiellement au plan fonctionnel. L’outil utilisé à cet effet était l’EEGq. Aussi précis qu’accessible, il permet de mesurer en temps réel l’activité cérébrale.
Interprétation des données de l’EEGq sur l’acouphène
Les données recueillies sont transformées en cartographie. Elles montrent pour le cas de l’acouphène les faits suivants :
- Une carence Alpha qui représente la paix dans le cerveau. Cette carence indique donc un manque de repos du cortex auditif provoqué par le trouble de l’acouphène.
- Un excès de Béta qui indique la présence excessive de l’activité cérébrale : cette activité peut être mesurée avec précision grâce à l’EEGq.
Les impacts de l’acouphène ne s’arrêtent pas là. L’acouphène provoque des troubles sur le plan physique et émotionnel, comme des fatigues, des migraines, etc. C’est un trouble envahissant. Sur le plan cérébral, des mesures ont été prises en mettant en relation l’EEGq et l’acouphène. Il y a des mesures objectives validées par plus de 150 000 articles scientifiques sur l’EEG. Cela a permis d’élaborer des bases de données normatives et des bases de donnes cliniques permettant d’associer les différentes anomalies à différents troubles chez la personne.
Résultat de l’étude réalisée
Les résultats montrent :
- Une carence en delta : celle du trouble du sommeil, le manque de motivation. Ces troubles sont très présentes dans les cas d’acouphène.
- Un excès d’alpha montrant une dépression et de l’anxiété ainsi que des troubles attentionnels. Les difficultés liées à l’acouphène sont nombreuses, comme les difficultés attentionnelles, les difficultés des fonctions exécutives, des états de dépression, de détresse et d’anxiété.
- Un excès de béta : de l’anxiété et des ruminations, de la fatigue et de l’épuisement, des douleurs chroniques et des migraines. Ils peuvent toucher l’attention de l’individu.
Ces troubles sont envahissants, mais cette étude permet de bien les identifier.
Présentation des échelles
Les échelles utilisées pour cette étude sont les suivantes :
- Échelle THI pour la sévérité de l’acouphène
- Échelle STAI pour l’anxiété
- Échelle BDI pour la dépression.
Présentation du sujet 1
L’étude a été réalisée sur une femme de 34 ans sujette à un acouphène médium et aigu dans la partie droite. Elle trouvait que cette pathologie était handicapante. Elle avait peur de retourner au travail parce que l’acouphène, pour elle, était lié au stress. Donc, une fois au travail, son acouphène s’accentuait de façon importante. Pour y remédier, elle a suivi plusieurs traitements, comme la corticothérapie, la vasodilatateur et la benzodiazépine. Actuellement, elle porte une aide auditive côté droit.
Avant l’intervention au centre Imerta
En se penchant sur ces mesures prises avant l’intervention au centre Imerta, on constate à quel point l’acouphène est envahissant chez le sujet. Les résultats de l’échelle sont d’ailleurs alarmants puisque l’indice de retentissement est de 96/100 (très sévère) et l’anxiété de 62/80. Seul l’indice de dépression est plus léger puisqu’elle est de 16/63.
Après 5 jours d’intervention
En 5 jours, le sujet perd 12 points sur l’échelle de retentissement son indice est porté à 84/100. Sur l’échelle d’anxiété, elle a baissé d’une dizaine de points pour afficher 52/80 et de 5 points sur l’échelle de dépression (11/63).
Sur le plan de l’EEGq, on remarque une amélioration de l’activité delta et une diminution de l’activité béta. Il s’agit de mesurer de façon objective l’évolution du sujet.
Présentation du sujet 2
Femme retraitée de 57 ans sujette à un acouphène prédominant gauche depuis 2012. Il est apparu suite à un torticolis. Sa fréquence est aiguë et le sujet présente une hypoacousie discrète. La personne est passée par différentes interventions, comme l’ostéopathie, le botox cervical, etc. Cela n’a donné aucun résultat.
Avant l’intervention au centre Imerta
- THI : Retentissement sévère à 70/100
- Anxiété STAI faible : 34/80
- Échelle de dépression très faible : 13/63
On remarque chez elle un indice élevé de haut béta associé à son sentiment de détresse et d’anxiété. On constate aussi des difficultés au niveau des ondes alpha.
Après 5 jours d’intervention
Au bout de 15 jours, le cas n’a pas connu une nette évolution malgré que le centre a un taux d’effectivité de 70 %.
Que faire si les traitements habituels ne fonctionnent pas ?
Dans ces cas, l’entraînement de l’activité cérébrale peut être une alternative intéressante. En effet, le neurofeedback a été démontré efficace pour traiter les troubles attentionnels, les troubles émotionnels (anxiété, dépression…), les maux de tête et migraines… Il peut aussi aider au niveau du sommeil et des troubles chroniques.
Le neurofeedback permet en effet de cibler précisément une activité associée à des dysfonctionnements cognitifs, comportementaux et émotionnels. Il vise la modification du fonctionnement cérébral via des mécanismes d’apprentissages et de neuroplasticité.
L’EEGq peut servir à une compréhension clinique objective et précise du trouble primaire (l’acouphène, son origine et sa sévérité) mais également des troubles secondaires (anxiété, dépression, fatigue, épuisement…). Plusieurs études scientifiques supportent l’utilisation du neurofeedback pour le traitement des acouphènes. L’étude de Hartmann en 2013 a par exemple montré qu’au cours de 10 séances seulement, on peut réduire de façon significative le trouble de l’acouphène. Concrètement, on peut constater une diminution de la sévérité de retentissement d’une moyenne de 35 %, soit une taille d’effet élevée de 0.74.
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